Merci qui ?

lundi 12 décembre 2022

Pendant qu’au Parlement wallon, on batifole, le gouvernement wallon nous apprenait vendredi dernier que les chèques coworking étaient supprimés… avec effet immédiat. 

Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est, le chèque coworking est une aide accordée à ceux qui se lancent dans un projet entrepreneurial (les starters). Sur acceptation d’un dossier, la Région prend à sa charge 80 % de l’abonnement à un coworking et permet ainsi à des indépendants ou des néo-entrepreneurs qui n’en auraient pas les moyens de bénéficier des avantages du coworking (espace de travail pro, mise en réseau, motivation, échange de savoir, etc.). Pour situer le débat, on parle d’une aide d’environ 100 € par mois. Significatif quand on se lance.

Perfectible, le dispositif n’en est pas moins très utile aux bénéficiaires et les effets positifs sur les chances de succès et la durabilité des projets soutenus sont réels. Sa suppression, juste avant les fêtes (beau sens du timing !) et alors que les coûts explosent partout, place ces personnes dans une situation de grande précarité et fait peser une menace supplémentaire sur la viabilité de leur projet d’entreprise. Avions-nous vraiment besoin de ça ?

Strictement encadrée, l’aide dont il est question est plafonnée à 3000 € sur une période de 3 ans (à peine le prix d’une nuit d’hôtel à Dubai), un coût raisonnable pour la collectivité.

Sa suppression envoie un message troublant : la Région wallonne clame à qui veut l’entendre qu’elle soutient les entrepreneurs. On la croit volontiers. Mais, dans le même temps, elle coupe les ailes aux plus vulnérables d’entre eux. Le plus choquant est qu’elle le fait sans préavis, sans concertation et sans solution alternative. Après vous avoir proposé de traverser la rivière sur ses épaules, la Région wallonne - une fois au milieu du gué - plonge sous l’eau sans crier gare et vous laisse tirer votre plan. Allez, bonne chance !

Je vous avoue que je ne sais pas comment annoncer cette nouvelle à mes coworkers concernés. Ceux qui viennent déjà au coworking vont devoir réduire leurs présences voire renoncer à venir. Ceux qui se préparaient à nous rejoindre en janvier vont devoir revoir leurs plans. Au final, c’est toute une communauté qui est touchée et qui va s’appauvrir de ces départs.

Alors, quand le courrier nous annonçant la suppression de la mesure se conclut par « Nous vous souhaitons une bonne continuation dans votre travail sur le terrain pour offrir les espaces de travail du futur », j’ai un peu le seum…


PS : ce ne sont pas les espaces de travail du futur, ce sont les espaces de travail du présent !